L’aïkido : une pratique nécessaire

Un débat a secoué notre petit cénacle autour de l’utilité de l’aïkido et cela quel que soit l’angle sous lequel on l’appréhende : self-défense, santé du corps et de l’esprit, dépense physique, culture japonaise… La conclusion, volontairement provocatrice, déniait à l’Aïkido, considéré comme un art, toute autre vertu que celle de permettre au pratiquant de « s’exprimer »… Ce caillou avait été jeté dans la mare par l’un d’entre nous, par ailleurs fervent pratiquant et animateur occasionnel, plus par facétie que par souci de mal faire ou de nuire…

L’avantage de l’aventure –de ce poil à gratter– aura été de consolider assez unanimement notre point de vue sur l’affaire, notamment sur le bien fondé de pratiquer encore et toujours l’Aïkido comme l’une des meilleures choses qui a pu arriver dans notre vie.

Albert Camus disait que « Mal nommer les choses c’est ajouter au malheur du monde ». Si je souscris pleinement à ce credo, force est de constater qu’en l’occurrence, le propos, qui fit l’objet du débat et fut contesté par plus d’un, aura permis de galvaniser les troupes autour d’un constat évident : si l’aïkido ne servait à rien comment expliquer le nombre de ses pratiquants ?

À vrai dire, la question de fond était celle de l’utilité d’une pratique artistique. Et je pense que c’est une fausse question. Ou plutôt que la vraie question n’est pas celle de son utilité mais celle de sa nécessité. Picasso disait : « Tout le monde veut comprendre la peinture, mais pourquoi personne n’essaye de comprendre le chant des oiseaux ? » Partant, pourquoi est-ce que je pratique l’aïkido ? Parce que cela m’est nécessaire. Et comme c’est une pratique collective, on peut supposer que cette nécessité est partagée par celles et ceux qui montent régulièrement sur le tatami.

Cela rejoint d’ailleurs l’idée de voie contenue dans le nom même de notre pratique : c’est une marche en avant qui ne connaît pas de fin. Pas de finalité autre que celle de chercher à progresser en soi et cela en compagnie des autres nous-mêmes que sont  nos partenaires.

Au-delà, tout le reste[1] est hasardeux, spécieux ou discutable parce que soumis aux aléas de la vie et des circonstances et de la curiosité de tout un chacun.

Enfin, lors d’une récente interviewe, on demandait à Micheline Vaillant-Tissier si l’aïkido rendait meilleur. Forte de son expérience, de plusieurs décennies de pratique et d’enseignement, elle répondait honnêtement qu’elle n’en savait rien. Toutefois, ce qu’elle pouvait dire – je la cite de mémoire– c’est qu’elle avait observé qu’après plusieurs mois de pratique, le gens changeaient.

Et il y a fort à parier –comme j’ai pu le constater à maintes reprises au sein même de notre club, et d’abord sur moi-même– qu’en « s’exprimant » de cette façon, en pratiquant l’aïkido donc, les gens changent en bien physiquement et moralement. Ils gagnent en assurance, cultivent la convivialité, partagent leurs expériences, relèvent le défi de parvenir à faire ce qu’ils ne réussissaient pas et se sentent ainsi en bien meilleure forme tant vis-à-vis des autres que vis-à-vis d’eux mêmes !

À bientôt sur le tatami !

Dominique

[1] J’entends les différents points soulevés : self-défense, santé du corps et de l’esprit, dépense physique, culture japonaise

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