Un samouraï à Cuba… et de passage en France !

Un peu de culture dans ce monde de brutes ne peut pas faire de mal et, en ce temps de vacances, peut-être que certains d’entre vous passeront par La Havane à Cuba. Fernando, qui, pour son travail, pérégrine beaucoup de par le monde, nous fait parvenir une photo de la sculpture érigée en 2001 en l’honneur d’Hasekura Tsunenaga (1571-1622), un samouraï japonais vassal du daimo de Sendai Date Masamune.

Hasekura Tsunenaga (1571-1622), premier ambassadeur du Japon aux Amériques et en Europe

Hasekura Tsunenaga (1571-1622), premier ambassadeur du Japon aux Amériques et en Europe

Il dirigea une ambassade vers la Nouvelle-Espagne puis l’Europe entre 1613 et 1620 et fut le tout premier officiel japonais envoyé aux Amériques. Lorsqu'il se rendit en France, il permit le premier contact direct entre Français et Japonais.

Chronique d’époque du premier contact des Français avec le Japon...

Octobre 1615. Après avoir traversé l'Espagne, où, pour les besoins de sa charge, le samouraï n’avait pas hésité à se convertir au christianisme, se faisant désormais appeler Don Felipe Francisco Hasekura, l'ambassade navigue sur la mer Méditerranée à bord de trois frégates espagnoles vers l'Italie. Cependant, le mauvais temps les force à rester quelque temps dans le port français de Saint-Tropez où ils sont reçus par la noblesse locale et font sensation parmi la population du lieu. On peut ainsi retrouver dans des archives parvenues jusqu'à nos jours le récit suivant :

« Il y a huit jours qu'il passa a St Troppez un grand seigneur Indien, nomme Don Felipe Fransceco Faxicura, Ambassadeur vers le Pape, de la part de Idate Massamuni Roy de Woxu au Jappon, feudataire du grand Roy du Japon et de Meaco. Il avoit plus de trente personnes a sa suite, et entre autres, sept autres pages tous fort bien vetus et tous camuz, en sorte qu'ilz sembloyent presque tous freres. Ils avaient trois fregates fort lestes, lesquelles portoient tout son attirail. Ils ont la teste rase, excepte une petite bordure sur le derrier faisant une flotte de cheveux sur la cime de la teste retroussee, et nouee a la Chinoise... »

« ...Ilz se mouchent dans des mouchoirs de papier de soye de Chine, de la grandeur de la main a peu prez, et ne se servent jamais deux fois d'un mouchoir, de sorte que toutes les fois qu'ilz ne mouchoyent, ils jestoyent leurs papiers par terre, et avoyent le plaisir de les voir ramasser a ceux de deca qui les alloyent voir, ou il y avoit grande presse du peuple qui s'entre batoit pour un ramasser principallement de ceux de l'Ambassadeur qui estoyent hystoriez par les bordz, comme les plus riches poulletz des dames de la Cour. Ils en portaient quantite dans leur seign, et ils ont apporte provision suffisante pour ce long voyage, qu'ilz sont venus faire du deca... »

« ... Le ses epees et dagues sont faictes en fasson de simmetterre tres peu courbe, et de moyenne longueur et sont sy fort tranchantz que y mettant un feuillet de papier et soufflant ilz couppent le papier, et encore de leur papier quy est beaucoup plus deslie que le nôtre et est faict de soye sur lesquels ils escrivent avec un pinceau. »

« ... Quand ilz mangeoient ils ne touchent jamais leur chair sinon avec deux petits batons qu'ils tiennent avec trois doigts. »

— Relations de Mme de St Troppez, octobre 1615, bibliothèque Inguimbertine, Carpentras.

La visite de l’ambassade japonaise est enregistrée dans les chroniques de la ville comme étant dirigée par « Philip Francis Faxicura, ambassadeur au Pape, de Date Masamunni, roi de Woxu au Japon ». Cette visite imprévue constitue la première trace enregistrée de relations franco-japonaises. À l’inverse, la première visite d’un Français au Japon est celle de François Caron en 1619.

Des efforts bien mal récompensés...

Bien que l'ambassade de Hasekura ait fait une forte impression en Europe, elle est arrivée à une époque où le Japon tentait de supprimer le christianisme de son sol, si bien que les monarques européens, tels le roi d’Espagne, ont finalement refusé les arrangements commerciaux que Hasekura tentait d'établir. Hasekura est rentré au Japon en 1620 et mort de maladie environ un an après, son ambassade n'ayant débouché sur aucun résultat dans un Japon en plein isolationnisme.

Son histoire est un véritable roman que Fernando et moi-même vous recommandons de consulter en suivant ce lien : http://fr.wikipedia.org/wiki/Hasekura_Tsunenaga

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