Freaks, Fanzine et compagnie : Raoul

Raoul#1 ? Ce sont les monstres qui en parlent le mieux.

« Raoul » n’est pas un nom de code, c’est le titre d’un collectif d’étudiants en arts graphiques de l’ECV Nord Europe (ECV = Ecole de Communication Visuelle) de Lille. Ils publient un fanzine éponyme qui donne la part belle aux représentations exhumées de leur esprit fantasque pour ne pas dire fantastique. Parmi cet aréopage de dessinateurs talentueux, aux côtés de Rosalie Lovebomb, Nikkie Pleasure, Jackie Tongue, Carlos Chagass, se trouve une Chesty Slapp (entendre « pulpeuse claque » à moins que ce ne soit « pulpeux baiser qui claque » ou peut-être, plus finement encore : les deux ensemble ![1]) mieux connue chez nous sous le prénom, tout à coup un peu sobre, de Christelle…

Chesty Slapp vue par Nikkie Pleasure.

Chesty Slapp vue par Nikkie Pleasure.

 

 

 

 

 

Si vous ne reconnaissez pas Christelle, c’est normal, elle a changé : outre qu’elle s’adonne à la pratique du pugilat, elle a un rostre sur la tête, à la façon d’un narval ou d’une licorne. Elle émet des ondes à moins que ce ne soit des ultra-sons et peu de mains pour enfiler des gants de boxe. Toutefois son regard orange suffira à dissuader de toute velléité d’agression quel que prédateur que ce soit prédateur, fût-il monstrueux ou non.

Raoul#1 : couverture

Raoul#1 : couverture

 

Couverture du Numéro 1 de février 2014 consacré aux « Freaks », aux monstres humains. Un numéro collector que vous vous arracherez car il n’en reste plus que quelques uns numérotés au prix modique de 3€ ; envoyez vos demandes à : collectifraoul@gmail.com ou en allant sur le mur : www.facebook.com/collectifraoul.

On ne s’intéresse jamais assez aux fanzines, ces petits magazines – petits par le format mais immenses par l’invention, l’ingéniosité…- concoctés par un public de jeunes pour un public beaucoup plus ouvert qu’on ne le pense. Ainsi, à chaque numéro de Raoul, un thème et une couleur : les monstres humains est donc le premier thème abordé. L’orange sa couleur. Nous ne dirons pas tout pour ménager les surprises…

Le Numéro 2 est en cours de fabrication et devrait paraître courant mars 2014

La monstruosité a par définition l’avantage d’ouvrir grand les possibilités de délires graphiques. Davantage que les portraits en pied ou les Photomatons, je veux dire. Encore que pour les Photomatons… Bref, passons…Et, en effet, nos mousquetaires de la tablette graphique s’en sont donné à cœur joie.

Dessins de Christelle

Dessins de Christelle

Voici, par exemple, l’évocation monstrueuse choisie par Chesty. Observez comme le diable se cache en chacun des personnages : à gauche ce qui ressemble à un homme - il a les pattes et la queue d’un bouc - , à droite, la femme, tout entière habitée par un serpent constricteur qui lui ressort par la bouche. On se confond en interprétation : est-ce là une revisitation du mythe d’Adam et Eve ? L’homme a perdu ses bras d’avoir décroché la pomme ; la femme vomit le serpent qui l’a séduite et poussée à inciter l’homme à braver l’interdit édicté par Dieu ? Quel abîme de réflexion ! On se perd dans des conjectures propres à donner le tournis : la pomme qu’est-elle devenue ? Le pommier ? Le jardin d’Eden ? Disparus ! Et c’est bien normal après la faute. Et d’observer, lugubrement, qu’il ne reste plus que l’ombre des personnages sur le sol, trace esquissée, étroite, et, Ô combien ! Fugace…


[1] Car nous ne pouvons penser que « Slapp » réfère à l’acronyme de Strategic Lawsuit Against Public Participation (poursuite stratégique contre la mobilisation publique ou poursuite-bâillon est, en Amérique du Nord, une action en justice visant à entraver la participation politique et le militantisme), Si ?

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